À la fin de la 1ère Guerre Mondiale, comme partout ailleurs, c’est l’hécatombe au village. Les rares survivants sont partis du village, à la recherche d’une vie meilleure, et ne sont pas revenus. Autour de 1975, il n’y avait quasiment plus personne. Il restait l’oncle de Jacky.
L’oncle de Jacky était ce qu’on appelle un petit paysan : il faisait un peu d’apiculture, un peu de foin, et distillait la lavande sauvage que cueillaient les gens du village. Il avait investi dans un petit alambic en cuivre, pour transformer la lavande en huile essentielle, qu’il revendait ensuite aux grossistes de Grasse.
C’est cette histoire qui m’a donné envie de m’installer dans ce village. Ses murs en pierres sèches magnifiques me rappellent les gens qui se sont accrochés pour façonner et faire vivre cet endroit.
C’est aussi le pays du gratte-cul (ou l’églantier, le rosier sauvage) : une espèce pionnière envahissante, dont la venue annonce l’installation d’autres espèces, avant le retour à l’état naturel de la forêt. C’est ce qu’on appelle la déprise, le cycle naturel reprend le dessus, et efface les traces de l’homme.